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16 septembre 2023 6 16 /09 /septembre /2023 01:00

L’

Église vient de rappeler à ses évêques les règles en vigueur pour le choix du pain et du vin pendant la messe. Elle ne veut pas d’hostie sans gluten, mais y admet l’introduction des OGM (Source : LePoint.fr, 08/07/2017)

 

Autrement dit, les personnes souffrant de maladie cœliaque, allergiques au gluten, et les écologistes hostiles aux OGM ne pourront communier. Cela fait beaucoup d’ostracismes !

 

Pour les catholiques, le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ pendant l’eucharistie, mais pour que s’opère cette transsubstantiation le pain doit être azyme (sans levain) et de pur froment, et le vin provenir de pur raisin, non aigri (transformé en vinaigre). Si ces deux conditions ne sont pas remplies, le sacrement ne s’accomplit pas (non conficitur sacra­mentum).

 

Je renvoie ici aux Instructions pour dire la Messe (Ordo Missae, Imprimerie du Vatican, 1965, en latin : pp.59-62). La matière est plus essentielle que la personnalité même de l’offi­ciant : si celui-ci est en état de péché mortel, si aussi il prononce les paroles liturgiques pour s’en amuser (delusorie), pourvu que ces dernières et le rite soient bien observés, valable est le sacrement (ibid., p.63) !

 

Par exemple les Donatistes du 4e siècle, qui pensaient qu’un sacrement était invalidé par l’indignité de celui qui l’administre, ont été attaqués par saint Augustin et décrétés hérétiques.

 

Que ne connaît-on l’histoire, pour relativiser tout cela ! Déjà l’opposition entre les partisans du pain sans levain (azymites), et ceux du pain levé (fermentaires) a été une des causes au 11e siècle de la séparation des églises chrétiennes d’Occi­dent et d’Orient.

 

Ensuite sur la signification de la présence réelle du corps du Christ sur l’autel on a hésité pendant tout le premier millénaire. On disait prudemment que cette présence se faisait d’une certaine manière (super quemdam modum), sans plus. Ses conditions matérielles n’ont été fixées par Rome qu’à partir du Concile de Trente, contre les protestants réformés qui voyaient dans la dernière Cène un sens non littéral, mais symbolique.

 

Et on connaît la fameuse Querelle des rites, des 17e et 18e siècles, où Rome a refusé que les missionnaires puissent utiliser pour la messe d’autres matières que le pain et le vin, inconnus des populations évangélisées.

 

Pourquoi s’obstiner ainsi sur une vision si matérialiste et réductrice d’un usage ? Perseverare diabolicum ! - v. : Eucharistie.

 

Article paru dans Golias Hebdo, 24 août 2017

 

#Hostie #Eucharistie #Transsubstantiation #Catholicisme
D.R. - #Hostie #Eucharistie #Transsubstantiation #Catholicisme

 

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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.

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14 septembre 2023 4 14 /09 /septembre /2023 01:00

À propos du tremblement de terre qui a ravagé il y a quelques jours le Maroc, j’ai entendu plusieurs rescapés remercier Dieu d’en avoir réchappé. Pour moi cela m’a fort surpris. Je m’attendais sinon à une révolte, du moins à un silence plus ou moins méprisant, pouvant porter condamnation à ce qui était arrivé. Fidèle au Si Deus est, unde malum ? (« Si Dieu existe, d’où vient le mal ?), je voyais dans le séisme une raison de s’insurger, de ne pas croire, un peu comme ce fut le cas pour beaucoup d’esprits devant celui de Lisbonne, au XVIIIe siècle. Mais non, la foi chevillée au corps de ces fidèles n’a pas été effleurée par le doute. L’obtention d’un salut personnel a fait justice de tout le reste.

 

Même chose à propos du séisme qui s’est produit en Turquie en février dernier. Les malfaçons ayant causé l’écroulement d’un grand nombre de maisons, on se serait attendu à ce que les habitants cherchent les responsabilités, demandent des comptes aux politiques corrompus. Mais non, quelque temps après le même président a été élu, et le même système a pu perdurer. Le fatalisme a tout emporté. On ne s’attache pas à maîtriser ce qui arrive, puisque c’est Dieu qui s’occupe de tout.

 

Ce fatalisme foncier se trouve aussi dans l’Évangile. « Et qui d’entre vous peut, par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ? » (Matthieu, 6/27) Le moindre de nos cheveux est compté, et si rien n’est possible à l’homme, à Dieu tout est possible (ibid. 19/26).

 

Cette attitude propre au premier christianisme et à l’islam, caractérise cette âme « magique » dont parle Spengler dans Le Déclin de l’Occident, pour l’opposer à l’âme grecque ancienne, caractérisée par l’insouciance des grands enfants, et à l’âme faustienne de l’Occident moderne, faite d’élan vers un désir infini. Et la résume la soumission qui clôt le livre de Job.

 

Mais nous avons du mal chez nous à nous soumettre ainsi, pour nous soumission n’est pas résignation, comme le dit Hugo dans À Villequier. La sensibilité et aussi la raison continuent de réclamer leur part de contestation.

 

Le fatalisme oriental permet sans doute de trouver la paix : islam veut dire soumission, et la paix qu’on y trouve. Il est différent de notre âme inquiète et interrogeante. Pourtant nous ne pouvons nous empêcher de penser, parfois, qu’il a poussé bien loin le sacrificium intellectus, le sacrifice de l’esprit qui doute.

 

D.R.

Voir aussi :

 

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12 septembre 2023 2 12 /09 /septembre /2023 01:00

U

ne fiction controversée, La Première Tentation du Christ, diffusée par Netflix, vient d’être interdite par la justice brésilienne à la demande de représentants de la communauté catholique et conservatrice. Ceux-ci ont été choqués par cette œuvre, qui laisse entendre que Jésus était homosexuel (Source : lefigaro.fr, 9/01/2020).

 

On connaissait déjà un Jésus marié avec Marie-Madeleine, présenté dans La Dernière Tentation du Christ, le roman de Kazantzakis et le film de Scorsese, tout imprégnés de docétisme. Et aussi un Jésus séduisant toute une famille bourgeoise, le père, la mère, la fille et le fils, ainsi que la bonne, dans Théorème de Pasolini. Mais si le film de Scorsese a fait l’objet d’attentats dans les salles obscures, celui de Pasolini a obtenu le Grand Prix de l’Office catholique du cinéma. À raison, à mon avis, car le sens en est symbolique et très profond : la rencontre magnétique du Maître (Théorème veut dire en grec contemplation) n’est là que pour provoquer dans les âmes un séisme ouvrant à un horizon de Transcendance.

 

L’homophobie qui caractérise les communautés conservatrices susdites ne peut que se référer à Lévitique 18/22 et 20/13, où l’homosexualité est effectivement dite une « abomination punissable de mort ». Mais avoir à l’esprit et invoquer ce commandement barbare quand on parle de Jésus lui-même, dont le message est un affranchissement des lois au bénéfice du cœur qui s’ouvre, est absurde. Augustin d’ailleurs l’a bien compris, avec son fameux « Aime et fais ce que tu veux » – Dilige et quod vis fac.

 

De toute façon ce qui compte ce n’est pas ce qu’il en fut réellement du personnage christique, dont la vie n’est qu’une construction narrative tardivement élaborée et relève du mythe, mais ses paroles et le contenu de son enseignement, au moins ce qui nous en a été transmis. Ni la question de son mariage, ni celle de son orientation sexuelle, ne sont pertinentes au regard du message qu’il porte, et qui seul doit nous retenir : ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les rédacteurs des évangiles ne disent rien de ces questions, car ce n’est pas ce qui les occupe.

 

Le message de Jésus n’invite qu’à une orthopraxie, dans le droit fil de la tradition juive. Vraisemblablement ce fut un rabbin libéral, dans la ligne de Hillel. Les « jésulâtres » aveuglés qui l’adorent avec ferveur et voudraient protéger de toute « impureté » une vie en réalité inventée dans tous ses détails feraient bien de méditer son essentielle parole : « Pourquoi m’appelez-vous : ‘Seigneur, Seigneur !’, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6/46)

Article paru dans Golias Hebdo, 23 janvier 2020

 

D.R.

 

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Ce texte est extrait d'un des deux tomes de mon ouvrage Chroniques religieuses. Pour plus de détails sur ces deux livres, cliquer: ici.

 

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  • Agrégé de lettres, professeur honoraire en khâgne et hypokhâgne, écrivain, photographe, vidéaste, chroniqueur et conférencier (sujets : littérature et poésie, stylistique du texte et de l'image, culture générale et spiritualité).
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